Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?
Inspiré de la vidéo suivante : https://youtu.be/Xwwj0SbKAHg
Quelles sont les différentes structures de marché possibles et leur définition ?
Les différentes structures de marché possibles sont :
- le marché concurrentiel. Marché dans lequel il y a une multitude d'offreurs et de demandeurs. Les quantités demandées et les quantités offertes s'égalisent autour d'un prix d'équilibre. On dit qu'en théorie la concurrence dans un marché concurrentiel est dite "pure et parfaite" lorsqu'elle repose sur 5 caractéristiques ou conditions, qui sont : atomicité, homogénéité, libre entrée dans le marché des agents économiques (fluidité), transparence de l'information sur le marché ainsi que la mobilité des facteurs de production. Le concept de concurrence est souvent associé à celui de compétition.
- le monopole. Marché dans lequel une seule entreprise productrice fait face à un grand nombre de demandeurs. Par exemple la SNCF sur le marché du transport par le train. Les monopoles peuvent être "d'Etat" ou "public" lorsque cette situation d'exclusivité dans une activité est établie au profit de la puissance publique. Dans un sens plus large, un marché monopolistique est un marché dans lequel une entreprise n'est pas à proprement parler en situation de monopole mais domine largement un marché où la concurrence existe certes, mais de manière marginale.
Par exemple Microsoft sur le marché des systèmes d'exploitation, Facebook sur le marché des réseaux sociaux ou Google sur le marché des moteurs de recherche. Dans cette situation, le terme de "position dominante" est préférablement employé par les autorités et la réglementation de la concurrence.
L'entreprise en situation de monopole ou de position dominante peut théoriquement imposer son prix de vente aux demandeurs, qui sera supérieur au prix d'équilibre qui se formerait sur un marché concurrentiel. Cela entraîne une baisse du pouvoir d'achat des demandeurs.
- l'oligopole, qui décrit une situation de marché où un petit groupe d’offreurs se partagent un marché à parts plus ou moins égales. Par exemple, le marché de la téléphonie mobile.
Dans cette structure de marché, les entreprises sont en mesure notamment de s'entendre sur le prix de vente afin de fixer le prix du marché à un niveau supérieure au prix d'équilibre qui se formerait sur un marché concurrentiel (cf téléphonie mobile avant l'entrée de Free sur le marché). Les entreprises peuvent aussi se livrer à une concurrence féroce en diminuant leur prix de vente (cf grande distribution).
Plus la structure d'un marché est monopolistique ou oligopolistique, plus les entreprises de ces marchés disposent d'un fort Pouvoir de Marché. Le pouvoir du marché d’une entreprise résume sa marge de manœuvre en matière de détermination des prix et des quantités mises sur le marché.
Quelles peuvent être les conséquences négatives d’une concurrence imparfaite pour les consommateurs ?
Une concurrence imparfaite sur un marché, et donc un fort pouvoir de marché des offreurs, peut déboucher sur :
- Un prix de vente supérieur au prix d'équilibre sur un marché concurrentiel, donc une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs et une éventuelle exclusion des consommateurs les plus pauvres.
- Des biens ou services de faible qualité et peu différenciés, donc qui ne sont pas en mesure de satisfaire tous les consommateurs dans leur diversité (les plus aisés voudraient des biens ou services hauts de gamme alors que les classes populaires attendent un bon rapport qualité/prix).
Quelles sont les stratégies qui permettent de renforcer le pouvoir de marché?
On peut globalement distinguer 3 types de stratégies de la part des entreprises lorsqu'elles veulent renforcer leur pouvoir de marché :
- La concurrence monopolistique : l'entreprise cherche à différencier son produit en le démarquant de la concurrence grâce à des caractéristiques originales ou des services particuliers. L'objectif est de constituer une "demande captive", c'est-à-dire une clientèle de consommateurs qui ne seront plus disposés à acheter les produits concurrents. Le pouvoir de marché de l'entreprise augmente, elle peut plus librement fixer le prix de vente de ses produits. Cette stratégie s'oppose à la condition d'homogénéité sur un marché concurrentiel. On peut penser à l'exemple d'Apple avec le smartphone. Cette stratégie est dite "monopolistique" car elle vise à ce que l'entreprise soit le seul offreur "
- La guerre des prix : l'entreprise baisse son prix de vente afin d'augmenter sa part du marché (Part de marché = Pourcentage des ventes d'une entreprise sur un marché par rapport au total des ventes faites par ses concurrents et elle-même sur ce marché), ce qui entraine une augmentation de son Pouvoir de marché vis-à-vis de ses clients. La stratégie de Guerre de Prix vise à affaiblir les concurrents en entraînant une baisse du prix du marché et donc une baisse des marges bénéficiaires des offreurs ; l'objectif final étant la mise en faillite des entreprises les moins solides financièrement. Une guerre de prix prolongée peut déboucher sur une réduction du nombre d'offreurs, ce qui s'oppose à la condition d'atomicité sur un marché concurrentiel.
- Les ententes : les entreprises s'entendent sur le niveau de quantité, de qualité et les prix des biens et services à proposer aux consommateurs. On appelle cela aussi une stratégie de "Cartel". Les entreprises font en sorte de ne pas se concurrencer de manière agressive et se partage le marché. Elles peuvent aussi effectuer un "rationnement" en se coordonnant pour diminuer volontairement les quantités offertes sur le marché et faire augmenter le prix de vente. Elles disposent ainsi d'un très fort Pouvoir de marché qui leur permet de maintenir un niveau élevé de profitabilité. Les consommateurs ne sont plus en mesure de faire jouer la concurrence pour faire baisser les prix ou augmenter le niveau de qualité ou de quantité des biens et services proposés. Cela s'oppose aux conditions de transparence des informations et de fluidité des agents économiques sur un marché concurrentiel. On peut penser à l'exemple connu du marché de la Téléphonie mobile avant l'entrée de Free sur le marché.
Quelles conditions favorisent l'émergence de marchés à structure monopolistique ou oligopolistique ?
Certaines activités nécessitent pour l'entreprise productrice de payer des coûts fixes très importants, à la fois en terme d'investissement initial dans l'infrastructure (par exemple constituer un réseau d'antennes sur le marché de la téléphonie mobile) mais aussi d'entretien de cette infrastructure (l'entretien des centrales nucléaires sur le marché de la production d'électricité).
Les coûts fixes représentent l'ensemble des coûts qui évoluent indépendamment du niveau d'activité de l'entreprise, et que l'entreprise doit payer pour son bon fonctionnement (ex : loyer).
Ces coûts fixes, indispensables, représentent une barrière à l'entrée qui dissuade l'arrivée sur le marché de nouveaux offreurs (condition de libre entrée sur le marché et donc d'atomicité non respectées).
On peut aussi considérer l'exemple de l'entreprise Google, qui a su, grâce au volume d'informations de trafic gigantesque qu'elle a capté, perfectionner son algorithme de recherche à un point tel qu'aucune autre entreprise ne pourrait la concurrencer frontalement.
Les structure de monopoles et oligopoles sont aussi, très souvent, sur des marchés règlementés, c'est-à-dire entretenus par les Pouvoirs Publics. Cela s'explique par le fait que ces entreprises produisent des biens ou services que les Pouvoirs Publics veulent rendre disponibles auprès de toute la population, même dans les zones rurales les plus reculées, et ceci à un juste prix. On peut prendre l'exemple du Train, de la 3G ou même de la distribution de l'Eau. Ainsi l'Etat peut règlementer le marché pour éventuellement détenir les entreprises productrices (SNCF, La Poste, EDF). Dans ce cas le prix de vente aux consommateurs peut être proche du prix d'équilibre dans un marché concurrentiel car l'Etat détient l'entreprise productrice et celle-ci n'a donc pas d'actionnaires privés qui souhaiteraient tirer profit de l'activité.
L'Etat peut aussi limiter l'entrée de nouveaux concurrents pour garantir de fortes parts de marchés - et donc des profits - aux entreprises en place afin que celles-ci aient les moyens de financer les investissements dans les zones rurales ou défavorisées (exemple de la téléphonie mobile où l'Etat limite le nombre de concurrents sur le marché).
Quels sont les trois rôles des autorités de régulation de la concurrence ?
Afin de remédier aux effets néfastes sur les consommateurs des imperfections de la concurrence, les autorités de régulation de la concurrence se voient confier la tâche de lutter contre les pratiques concurrentielles.
Les trois principales missions des autorités de régulation de la concurrence sont :
- le contrôle des fusions et acquisitions sur les marchés.
- le contrôle et la sanction des abus de position dominante (par exemple les abus de Microsoft qui ont fait en sorte d'empêcher les assembleurs et distributeurs d'ordinateurs de proposer des systèmes d'exploitation concurrents de Windows).
- la sanction des stratégies d'ententes (par exemple dans la téléphonie mobile)
Doc 1 p.95 Une sanction de l’autorité de la concurrence
1. Quelles sont les raisons de l'intervention de l'Autorité de la Concurrence ?
L’Autorité de la concurrence est intervenue pour mettre n aux pratiques anti-concurrentielles des opérateurs de téléphonie mobile. Ils se sont rendus coupables d’échange d’informations et de partage de marché par leur accord de stabilisation des parts de marché. Ils ont mis en place des pratiques tarifaires communes (facturation à la demi- minute par exemple). Les consommateurs ont pâti de ces pratiques, notamment à travers la hausse des prix.
2. Montraient que les 3 opérateurs pratiquaient un cartel
L’entente entre les trois opérateurs de téléphonie mobile est prouvée par les échanges d’informations et la coordination des décisions : c’est un cartel.
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