Qu’est-ce que la Monnaie ? – Travail Dirigé n°1
Document 1 :
Le sel est une marchandise de
prix, mais est-ce une « monnaie » ?
Pour qu'une marchandise
fonctionne comme « monnaie », il faut qu'elle puisse s'échanger contre
l'ensemble des autres marchandises, qu'elle fonctionne comme leur équivalent
général. En se transformant en sel, plumes d'oiseaux de paradis, haches de
pierre et même services du sorcier deviennent d'une certaine façon comparables.
Le sel en se présentant sous forme de barres, grandes ou petites et toujours
divisibles en morceaux, offre une unité de mesure commode pour des opérations
de mise en rapport. Son emballage extrêmement soigné fait qu'il se transporte
facilement et se conserve des années durant. Le sel est donc un équivalent
général, un intermédiaire obligatoire pour accéder à toutes les marchandises
socialement disponibles et nécessaires. Équivalent général ne signifie pas
équivalent universel puisque les biens de consommation courante, patates
douces, taros, etc., la terre et le travail ne sont pas des marchandises et
restent en dehors de la sphère d'échange de la « monnaie de sel ». Et cet
équivalent général est tel non seulement pour les Baruya mais pour les voisins,
par exemple les Youndouyé, qui devaient d'abord venir convertir leurs capes
d'écorce en sel des Baruya avant d'échanger celui-ci contre les haches de
pierre des Awa et Tairora.
Maurice Godelier, "La «
monnaie de sel » des Baruya de Nouvelle-Guinée", paru dans la revue
"L'Homme", 1969
1. Quels sont les avantages du
sel qui en font une bonne monnaie ?
Le sel est divisible et
conditionnable sous forme de petites barres de tailles et de poids différents,
ce qui lui permet d’exprimer le prix de l’ensemble des biens et services dans
la même unité, ici le gramme de sel (fonction
d’unité de compte).
Le sel, conditionné dans des
barres, est facilement transportable donc il est très pratique et peut être
échangé contre l’ensemble des biens et services marchands. Il est valorisé aussi par les autres tribus environnantes donc il permet à la
tribu Baruya d’acquérir des biens non produits dans leur territoire (importations)
(fonction de moyen d’échange).
Le sel est une matière rare et
conservable, ce qui lui permet de conserver sa valeur dans le temps et donc de
différer les actes d’achat (fonction de
réserve de valeur).
2. Le sel peut-il tout acheter ?
Non, il peut acheter tout ce qui
est marchand : comme toute société, les Baruyas définissent les choses qui
s'achètent et celles qui ne s'achètent pas !
Définition de ce qui est marchandise
est sociale : la terre pour les Baruyas ne s'achètent pas, les femmes, elles,
peuvent faire l'objet de tractation marchandes avec d'autres tribus !
3. Rédigez : qu'est-ce qui
n'est pas monnayable pour vous ?
La monnaie et le marché sont deux
choses extrêmement liées : certaines choses doivent être exclues de la sphère
marchande, et donc, ne pas faire l'objet de transaction monétaire. L'argument
principal à cela est un argument moral : il s'agit d'un refus justifié par des
valeurs, dans des cas où l'on considère que monnayer tel bien ou tel service
est immoral ou bien contraire à la loi. Par exemple, l’amour passe par des
échanges (contrat de mariage, services, informations et secrets, ...) mais
ceux-ci ne peuvent être monétaires (payer une heure de sexe n'est pas possible)
car cela semble condamnable, contraire à l'éthique. Ainsi en vertu de cette
éthique la prostitution est illégale en France.
Doc. 3 p.107 Les fonctions politiques et sociales
de la monnaie
9. Pourquoi
la monnaie est-elle un bien politique ?
La monnaie est un bien
politique car, très rapidement, le pouvoir politique a compris les avantages
que pouvaient lui conférer la maîtrise et la création de la monnaie. Les pièces
de monnaie ont été marquées de l’effigie des rois (cf. page 108 le louis d’or à
l’effigie de Louis XIII) ou des symboles du régime politique (cf la Marianne
révolutionnaire). La monnaie
symbolise le pouvoir des souverains.
Le monopole d’émission de la monnaie et l’imposition de son cours légal est
un moyen pour le Souverain d’affirmer son pouvoir sur le territoire et ses
habitants.
Par les lois qu’il décrète, par le système judiciaire qu’il organise et
le monopole de la violence légitime dont il dispose (Armée, Police), le
Souverain garantie le pouvoir libératoire de sa monnaie sur le territoire. Ainsi
le Souverain impose l’obligation pour tout agent économique d’accepter la
monnaie légale en tant que moyen de paiement permettant à un autre agent de se
libérer d’une dette à son égard. Si Monsieur B a une dette envers Monsieur A, Monsieur
A est obligé d’accepter de la part de Monsieur B la monnaie légale émise par le
souverain en remboursement de la dette. Ainsi la Monnaie du Souverain est légitimée
comme principal moyen d’échange contre les biens et services.
Par ailleurs, le Souverain affirme et renforce sa puissance grâce à son
monopole d’émission de la Monnaie et au Cours légal qu’il fixe. S’il est seul à
émettre la Monnaie, il peut alors en créer - modérément s’il veut éviter qu’elle
perde de sa valeur - pour financer les investissements du Royaume et les
opérations de Guerre pour la conquête de nouveaux territoires. Le cours légal
lui permet par ailleurs d’augmenter ses recettes fiscales et son autorité car
le Souverain oblige – potentiellement en usant de sa violence - tout agent
économique (habitants, entreprises, Église) à lui payer l’impôt via la monnaie
qu’il émet et met en circulation dans l’Économie.
10. Pourquoi
la monnaie a-t-elle une fonction sociale ?
La monnaie a aussi une
fonction sociale car, utilisée par les habitants d’un même territoire
politique, elle permet à ces habitants de se sentir membres de la même communauté.
De plus, son usage repose sur la confiance que lui accordent les utilisateurs.
11. Pourquoi
la valeur des cauris ou des wampums était-elle supérieure à leur valeur réelle ?
La valeur des cauris et
des wapums est supérieure à leur valeur réelle car les Chinois et les Indiens
d’Amérique du Nord avaient confiance dans ce moyen de paiement. Aujourd’hui, la
valeur des billets de banque est bien supérieure à leur valeur intrinsèque en
raison de la confiance que ces billets inspirent.
Doc. 2 p.108 Monnaie fiduciaire et monnaie scripturale
4. Pourquoi les banquiers ont-ils eu l'idée de créer de la monnaie fiduciaire ?
Les
banquiers ont eu l’idée de créer de la monnaie fiduciaire car ils se sont
aperçus que les titulaires des certificats d’or ne demandaient pas tous en même
temps l’échange de ces certificats contre de l’or.
5. Pourquoi cette monnaie repose-t-elle sur la confiance ?
La
monnaie fiduciaire repose sur la confiance car son utilisation dépend de la
certitude de pouvoir échanger à tout moment les billets contre de l’or. Il faut
donc être certain que les banquiers auront la capacité de procéder à ces
échanges.
6. Quel est le montant de la monnaie fiduciaire créée par la banque A, de la monnaie scripturale créée par la banque B ? Quel est le risque encouru par ces 2 banques ?
Montant de
la monnaie fiduciaire créée par la banque A : 2 000 en contrepartie de crédits
accordés. Les 1 000 de billets en contrepartie de dépôts d’or ne sont pas une création de monnaie.
Montant de la
monnaie scripturale créée par la banque B : 2 000.
En créant de la monnaie
fiduciaire ou scripturale, les banquiers prennent le risque que leurs
titulaires viennent tous en même temps demander l’échange de la monnaie fiduciaire
contre de l’or et l’échange de la monnaie scripturale contre des billets. Dans
une telle situation, on assiste à une crise bancaire puisque la banque ne peut
pas faire face à ses engagements.
7. Une pièce de 2€ est-elle de la monnaie métallique ?
Une pièce
de 2 € n’est pas de la monnaie métallique car sa valeur est supérieure à celle
de l’alliage en métal. C’est une monnaie fiduciaire. Mais le montant de cette
monnaie divisionnaire est très faible dans le montant total de la masse
monétaire.
8. Le chèque est-il de la monnaie ?
Le chèque
n’est pas une monnaie mais un instrument pour faire circuler la monnaie
scripturale.
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