Film « La Sociale » de Gilles
Perret, 2016
La mise en place de la Sécurité sociale :
1) Comment la Sécurité sociale est-elle financée et par qui est-elle
gérée ?
A sa création la Sécurité Sociale est
uniquement financée par les cotisations sociales. Elles sont des prélèvements
sur la valeur ajoutée, assis sur les salaires. Les cotisations
font partie de la répartition opérée sur la richesse nationale créée au cours
de l'année, ou PIB. Elles sont calculées sur la base des salaires. Elles
constituent le salaire indirect ou socialisé et sont associées au financement
des prestations sociales.
Ces cotisations sociales vont servir à
financer la prise en charge collective des risques sociaux auxquels font face
les salariés : maladie, vieillesse, accident du travail, paternité.
La Sécurité Sociale est gérée non pas par l’État
mais par les représentants syndicaux des salariés et du patronat. Les
représentants des salariés détiennent le ¾ des sièges tandis que le patronat n’en
détient qu’1/4.
2) Dans quel contexte politique favorable la Sécurité sociale se
met-elle en place ?
Au lendemain de la Libération, le
Parti Communiste Français dispose d’une forte légitimité politique puisqu’il a
obtenu 27% des voix aux élections législatives de 1945. De plus, la CGT,
pro-communiste, compte 5 millions d’adhérents. Par ailleurs, alors que le
Patronat est en partie décrédibilisé car certaines entreprises ont collaboré
avec les Nazis et le régime de Vichy, les militants communistes se sont eux
distingué dans la Résistance. Ce rapport de forces se traduit par la présence
de 5 Ministres communistes au Gouvernement, dont Ambroise Croizat Ministre du
Travail.
3) Pourquoi est-ce gênant pour les patrons des entreprises que les
ouvriers syndiqués gèrent la Sécurité Sociale ?
Ce qui va surtout gêner le
Patronat est que les ouvriers syndiqués, non diplômés, réalisant un travail
pénible, vont faire la preuve de leur capacité à créer et organiser, en
seulement 7 mois, une très grande administration qui va gérer l’équivalent du
budget de l’État. Les syndicats vont ensuite tirer parti de leur majorité de
sièges dans les conseils d’administration des Caisses de Sécurité Sociale pour
prendre des décisions favorables aux salariés, au détriment de l’intérêt direct
du Patronat.
4) Pourquoi peut-on dire que la Sécurité Sociale donne le « droit
de vivre » ?
La création d’une caisse unique
de Sécurité Sociale pour les salariés, au lieu d’un grand nombre de caisses
différentes suivant les entreprises et les branches d’activité, permet à chaque
salarié de ne plus avoir « l’angoisse du lendemain ». En effet en l’absence
de sécurité sociale suffisante, un salarié malade ou ayant un accident du
travail faisait face à perte de revenus telle qu’elle ne lui permettait plus de
subvenir aux besoins de sa famille. De plus, la retraite n’étant pas auparavant
que très peu financée (système par capitalisation), seuls les travailleurs trop
vieux ou épuisés arrêtaient le travail et ils ne pouvaient donc pas profiter de
leur temps libre.
5) Pourquoi les médecins libéraux ont-ils peur d’une « médecine de
caisse » ? Comment le paiement des frais médicaux évolue-t-il ?
Les frais médicaux deviennent
très largement pris en charge ou remboursés par la Sécurité Sociale, ce qui
incite les affiliés à la Sécurité Sociale à ne consulter que les médecins
disposés à collaborer avec les caisses de Sécurité Sociale.
Résultats et première réforme de la Sécurité
sociale :
7) Selon Colette Bec « la Sécurité sociale est une transformation
complète de la société », quels en sont les indicateurs ?
Selon elle la moyenne de l’espérance de vie
est passé de 45 ans en 1900 à 70 ans en 1960, 15 ans après l’instauration de la
Sécurité Sociale. J’ajoute que l’espérance de vie moyenne était de 63 ans en
1946, donc jusqu’en 1960, elle a augmenté de 7 ans à partir de la création de
la Sécurité Sociale. En 1945, la mortalité infantile était de 108 décès pour
1000 naissances, en 1954 elle était de 37 pour 1000.
8) La réforme de 1967 constitue un tournant
avec deux propositions, lesquelles ?
D’autre part, la 2ème proposition
dans la Réforme de 1967 organise une gestion paritaire des Caisses de Sécurité
Sociale. Ainsi les représentants patronaux disposent dorénavant du même nombre
de sièges que les représentants des salariés. Du fait de la division des
syndicats, cela permet aux Patronat, davantage uni, de négocier
individuellement avec un syndicat pour faire voter les réformes.
Le « trou » de la Sécurité
sociale :
9) Pour Michel Etievent, « le trou de la Sécu n’a aucun
sens », il rappelle la devise de la Sécurité sociale que vous allez
compléter : « On reçoit selon ses …………., on cotise selon ses ………….
. »
On reçoit selon ses besoins, on cotise selon
ses moyens. Logique de la Protection universelle (au lieu de l’Assurance ou de
l’Assistance).
10) Pour Frédéric Pierru, le débat sur le « trou de la
Sécu » masque un autre débat, lequel ?
Selon lui ce débat cache une volonté de plus
en plus grande des dirigeants des entreprises, mais aussi des responsables
politiques, de privatiser la prise en charge des risques sociaux, notamment de
la santé et de la retraite. L’idée est de réduire progressivement la part couverture
obligatoire de la Sécurité Sociale afin d’inciter les affiliées à souscrire à
des mutuelles complémentaires privées pour couvrir le « reste à charge ».
11) Pourquoi Bernard Friot dit-il que le financement de la Santé est
passée aux mains des prêteurs du fait de la loi Juppé ?
Du fait de la hausse des dépenses
de la Sécurité Sociale et de la stagnation des taux de cotisations sociales, le
Gouvernement Juppé organise le financement du Déficit budgétaire de la Sécu par
des emprunts sur les marchés financiers. Cela s’accompagne alors d’un recours
plus important aux entreprises privées pour financer les investissements dans
la Santé. Les emprunts et les loyers devant être remboursés, l’Hôpital doit alors
diminuer ses dépenses, au détriment des impératifs de santé.
La
Sécurité Sociale finançait auparavant la Santé uniquement par la subvention,
issue des cotisations sociales, aide directe qui ne nécessitait aucun
remboursement ni intérêt.
Privatisation, concurrence et Sécurité
sociale :
12) Claude Reichman propose de quitter la Sécurité sociale, quels sont
ses arguments ?
Selon lui les assurances privées couteraient
moins chers et permettraient ainsi d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés
et indépendants qui quitteraient la Sécurité Sociale. En effet ils paieraient
moins de cotisations salariales et pourraient éventuellement négocier un
meilleur salaire net avec leur employeur, qui lui paierait moins de cotisations
patronales.
Selon Claude Reichman une partie
des bénéficiaires de la Sécurité Sociale sont des « sangsues », des
personnes qui profitent, sans le mériter, de l’assistance des cotisants via les
prestations sociales. Les vrais « défavorisés », selon lui, méritent néanmoins
la « compassion ».
13) Pourquoi selon vous l’assurance privée « Amarys » ne
souhaite pas prendre en charge des clients atteints du diabète ?
Le diabète, notamment le diabète sucré, est
une maladie chronique qui nécessitera un traitement à vie pour le patient et va
donc entraîner des dépenses de santé importantes. Ainsi aucune assurance privée
ne souhaitera couvrir pour un montant raisonnable les dépenses d’un patient
atteint de maladies chroniques telles que le diabète.
14) Frédéric Pierru utilise le cas des Etats-Unis pour montrer qu’un
marché concurrentiel de l’assurance-maladie n’obtient pas de meilleurs
résultats que la Sécurité sociale. Quels
sont les résultats en matière de santé aux Etats-Unis ? Pourquoi selon lui
le système français est-il plus efficace et donne de meilleurs résultats
sanitaires ?
L’équivalent de 18% du PIB des Etats-Unis est alloué à la Santé alors que
cela représente 12% du PIB en France. Selon Frédéric Pierru, pour un coût total
supérieur, moins de personnes bénéficient d’une protection sociale aux Etats-Unis
et les résultats en termes de santé publique sont moins bons qu’en France.
Selon lui, cela s’explique par le fait que le système français de
Sécurité Sociale, par la mise en commun des ressources des affiliés à la
Sécurité Sociale (mutualisation des risques), permet à tous les cotisants de
bénéficier de prestations sociales. Ainsi même les individus atteints de maladies
lourdes ou de handicap, que des assureurs privés ne voudraient pas couvrir,
peuvent se voir pris en charge leurs frais de santé grâce aux cotisations des
travailleurs en bonne santé, obligés de cotiser à la Sécurité Sociale. Cela
parait égalitaire car aucun individu ne peut prévoir qu’il ne subira aucune
maladie ou accident lourd entraînant son handicap. Par ailleurs, les cotisations sont assises sur les revenus et ne sont donc pas calculées en fonction des risques perçus chez l'individu, par exemple que celui-ci en raison de son grand âge tombe bientôt malade.
De plus, selon Frédéric
Pierru, le budget des mutuelles privées alloué à la gestion et à la publicité est beaucoup plus important que celui de la Sécurité Sociale (25% au lieu de 6%), du fait que la mise en concurrence des mutuelles les oblige à se différencier pour convaincre les clients.
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