vendredi 26 janvier 2018

De la socialisation de l'enfant à la socialisation de l'adulte : continuité ou ruptures ?

Définitions et notions de cours basées sur la vidéo suivante : https://www.youtube.com/watch?v=gZaawSNcKx0

Socialisation primaire : Elle se déroule pendant l'enfance et l’adolescence de l’individu, à un moment où sa personnalité est la plus malléable. L'individu y intériorise les attitudes et les principes généraux auxquels il doit se former et qui vont lui permettre de s'intégrer dans la société. Ce processus s'opère grâce à la famille, l'école mais aussi le groupe de pairs (amis) et les médias. La socialisation primaire est première et fondamentale : ses acquis peuvent difficilement être supprimés ou transformés totalement.

Socialisation secondaire : Dès l’adolescence et jusqu’à la fin de sa vie, l’individu intériorise de nouvelles valeurs, de nouveaux rôles, qui peuvent plus ou moins fortement transformer son identité. Cette socialisation s’opère via l’intervention de nouvelles instances (études, amis, couple, entreprise, syndicat, etc.).

Rôle social : L’ensemble des comportements attendus d’un individu en fonction de sa place dans la société. Exemples de rôles sociaux : parent, syndicaliste, médecin.

Homogamie : L'homogamie est le fait que les individus en couple proviennent, en général, du même milieu social parce qu'ils partagent les mêmes normes et valeurs. Par exemple, deux individus qui viennent d’un milieu bourgeois vont avoir plus de chance de se mettre en couple car ils partagent les mêmes normes et valeurs.

Reproduction sociale : La reproduction sociale est un phénomène de transmission des positions sociales, des façons d'agir ou de penser, d'une génération à une autre. Par exemple, le fait que les enfants d'ouvriers deviennent plus souvent ouvriers. A l’inverse, un enfant de cadre aura bien plus de chance de réussir ses études, et de devenir cadre, que de devenir employé.

Rupture biographique : Moment important dans l’histoire individuelle au cours duquel l’individu doit relever un défi qu’il s’est imposé ou qui lui a été imposé. Ce moment permet la construction de l’identité, sans forcément représenter une rupture par rapport à la socialisation primaire. Ces évènements peuvent être par exemple la guerre, la mort d’un proche, l’immigration ou encore une rencontre amoureuse.

Socialisation anticipatrice: Socialisation opérée par un individu qui souhaite appartenir à un autre groupe social dont il apprend les normes et valeurs en vue d’en faire partie.
Par exemple, un soldat qui manifeste fortement son goût de la discipline alors que ce n'est pas une valeur valorisée par son groupe social, car il souhaite s'élever dans la hiérarchie militaire.

Pourquoi la socialisation secondaire est-elle souvent en continuité avec la socialisation primaire ?
La socialisation primaire correspond à l'enfance alors que la socialisation secondaire commence à l'adolescence. La plupart du temps, la socialisation secondaire s'inscrit dans la continuité de la primaire car celle-ci est très ancrée dans l’individu et produit des effets durables. En effet l'enfant est alors très malléable et ne connaît pas d’autres groupes sociaux qui pourraient l’influencer. L’influence de la socialisation primaire sur la socialisation secondaire de l’individu peut se traduire notamment par l’homogamie (socialisation conjugale), la reproduction sociale (socialisation professionnelle) et l’intériorisation de rôles sociaux spécifiques.

Qu’est-ce qui peut entraîner une rupture entre la socialisation secondaire et la socialisation primaire ?

La socialisation secondaire peut faire évoluer l’identité de l’individu même si elle n’efface jamais totalement la socialisation primaire. Les normes et valeurs de l’individu vont changer notamment lors de la socialisation professionnelle et conjugale. Certains évènements, que l’on appelle ruptures biographiques, peuvent entraîner une rupture avec la socialisation primaire : une rencontre particulière, une période de chômage, la guerre, la mort d’un proche, un changement de métier, l'arrivée d'un enfant... Chacun de ces événements peut entraîner le changement des normes et valeurs de l’individu ainsi que l’intériorisation de nouveaux rôles sociaux. La rupture avec la socialisation primaire peut aussi être volontaire, notamment en cas de socialisation anticipatrice lorsque l’individu incorpore des normes et valeurs d’un autre groupe social dont il souhaite faire partie 

samedi 6 janvier 2018

Synthèse : La socialisation de l’individu s’arrête-t-elle à l’enfance ?


Proposition de synthèse

A partir de vos connaissances et des documents, vous répondrez à la problématique suivante :
La socialisation de l’individu s’arrête-t-elle à l’enfance ?
La socialisation est un processus qui débute dès la naissance de l’enfant et au cours duquel de nombreux acteurs interviennent pour transmettre à l’individu les normes, valeurs et rôles attendus de lui dans la société. La socialisation ne s’arrête cependant pas une fois l’adolescence ou l’âge adulte atteint. Après l’enfance, l’individu fait de nouvelles expériences et adapte ses comportements sous l’influence de diverses institutions socialisatrices. Surtout, chaque âge de l’individu est associé à un statut social et des comportements spécifiques que l’individu intériorise à l’occasion de la socialisation secondaire. En ce sens on peut affirmer que la socialisation de l’individu est un processus continu et de long terme.
L’identité de l’enfant n’est pas figée à l’issue de l’enfance. Pour souligner le fait que l’identité sociale de l’individu se construit tout au long de la vie, Berger et Luckmann, d’après le document 4, distinguent la socialisation primaire et la socialisation secondaire. La socialisation primaire fournit à l’enfant un socle de valeurs, normes et rôles qui lui permettent de se construire une identité sociale et de s’intégrer dans la société. La socialisation secondaire se produit à l’adolescence et voit intervenir l’influence sur l’individu de nouvelles instances de socialisation. Ces influences s’imposeront alors comme une continuité ou en rupture avec la socialisation primaire.
Parmi ces nouvelles instances de socialisation, la mise en couple, l’institution du mariage et la parenté donnent lieu à une socialisation conjugale très « participative » et implicite, qui s’opère par l’interaction et lors de laquelle se construit, selon le document 2, « un univers partagé de référence et d’action ». Les individus changent leurs comportements, leurs goûts, leurs relations amicales (document 5) sous l’influence du conjoint et du fait de leurs obligations mutuelles et vis-à-vis de l’enfant. Le milieu professionnel est une autre instance majeure de socialisation car, en plus d’intérioriser de nouvelles normes, valeurs et comportements attendus au sein de l’entreprise (document 1), l’individu se doit d’obtenir un emploi stable pour se construire une identité sociale perçue positivement par la société (document 3 p.187).
Enfin, la socialisation de l’individu est structurée dans le temps par des étapes, l’avancée de l’âge mais aussi des changements physiologiques et sociaux, qui caractérisent le passage à l’âge adulte, le vieillissement de l’individu et correspondent à différents statuts sociaux, associés à des rôles particuliers.
La socialisation primaire correspond principalement à la période pré-pubère de l’enfant, lorsqu’il apprend au contact de sa famille, de l’école et des amis les comportements nécessaires à la vie en société. La socialisation secondaire commence à l’adolescence lorsque l’individu poursuit son apprentissage en vue de la socialisation professionnelle (document 3 p.187) et multiplie les interactions avec diverses instances de socialisation dont les influences peuvent être contradictoires et sources de tensions. L’atteinte de la majorité légale offre à l’individu une autonomie et une liberté nouvelle pour vivre de nouvelles expériences au contact de nouveaux groupes sociaux. Durant sa jeunesse, étape de plus en plus longue pour les individus (document 3 p.187), l’individu continue à se former et apprend les rôles associés à l’âge adulte (être en couple, avoir un emploi, un enfant, vivre chez soi). L’individu bien intégré dans le milieu professionnel acquiert les rôles de producteurs, consommateurs, parents (document 4 p.187).
Le vieillissement de l’individu s’opère via 3 processus conjoints. D’une part l’individu va perdre ses rôles prépondérants de producteur et de parent et il va, d’autre part, progressivement prendre conscience de son vieillissement du fait de nouvelles attentes et comportements des autres individus à son égard. Enfin, ses capacités physiques et mentales déclinantes obligent l’individu à adapter ses comportements du quotidien et activités. La première étape du vieillissement de l’individu est le départ du foyer des enfants adultes : le rôle éducatif de l’individu s’amoindrit fortement (document 4 p.187). Le départ à la retraite signifie la perte du rôle de « producteur » et d’une partie d’un réseau relationnel (collègues, supérieurs, clients, fournisseurs). Néanmoins la retraite signifie la possibilité doccuper de nouveaux rôles : engagement dans des associations ou même la garde des petits-enfants. Des interactions peuvent accélérer chez l’individu la prise de conscience de son vieillissement, notamment lorsque d’autres individus vont faire montre d’un manque de patience et d’attention à son égard (document 3). Ce processus de prise de conscience se renforce à mesure que les capacités physiques de l’individu déclinent, l’obligeant à changer ses activités quotidiennes, à limiter ses déplacements ou à devoir se faire assister à domicile (document 3).
Nous pouvons en conclure que la socialisation de l’individu est loin de s’arrêter à l’enfance puisque l’individu, au travers de sa vie, fait de nouvelles expériences, perd et acquiert de nouveaux rôles sociaux qui vont changer son identité et son comportement au sein de la société.